Source : Le Journal du Grand Paris
Le groupe français, qui réalise 41 % de son chiffre d’affaires dans le secteur de l’eau, présentait mardi 10 septembre 2024 ses technologies en la matière dans l’usine du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) à Méry-sur-Oise (Val d’Oise). « Le Sedif est un laboratoire emblématique des solutions que nous développons. C’est un concentré de solutions qui va nous permettre de les dupliquer dans différents endroits en France et dans le monde » : Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, n’avait pas choisi par hasard l’usine de production d’eau de Méry-sur-Oise (Val d’Oise), propriété du Sedif, pour inviter la presse, des investisseurs et des élus du Syndicat des eaux d’Ile-de-France à une matinée spéciale consacrée à « l’eau du futur ». Une eau très affectée par le dérèglement climatique et qu’il va falloir, tout à la fois, apprendre à mieux économiser mais aussi à mieux « nettoyer » pour la débarrasser d’un nombre toujours croissant de polluants : matière organique bien sûr, mais aussi virus, bactéries, parasites, pesticides, PFAS (dits « polluants éternels »), microplastiques, perturbateurs endocriniens, etc. Car, rappelait le groupe de services en introduction, la recherche montre désormais que même de faibles doses de ces polluants peuvent avoir des effets délétères sur la santé humaine.
Or le Sedif a fait le choix, pour fournir une eau pure aux quelque 4 millions de Franciliens approvisionnés par ses réseaux, d’utiliser des technologies dites membranaires avancées proposées par Veolia. Une solution que ce dernier entend bien, ensuite, dupliquer ailleurs, en France ou à l’international.
L’usine de Méry-sur-Oise est pionnière en la matière. Puisant son eau dans l’Oise, une rivière régulièrement polluée, elle est, depuis 1999, équipée de membranes de nanofiltration. A l’époque, c’était une première mondiale, ce qui lui vaut toujours de nombreuses visites, a rappelé le président du Sedif André Santini. Concrètement, une fois l’eau débarrassée de ses particules solides, elle est injectée sous pression dans des tubes contenant des membranes très fines « un peu semblables à du papier photo », selon les termes des techniciens de Veolia. Celles-ci bloquent les polluants restants, mais aussi la moitié des ions de calcium et de magnésium, rendant l’eau moins calcaire. L’eau subit ensuite un dernier traitement par ultra-violet « par précaution ».
L’unité de nanofiltration n’ayant pas une capacité suffisante, l’eau qu’elle produit est ensuite mélangée avec celle issue de la filière de traitement dite « classique », située à quelques dizaines de mètres. « Mais elle serait potable sans mélange », insiste le Sedif.
Un mélange de technologies membranaires
Cela ne serait, en revanche, pas le cas si la totalité de l’eau faisait l’objet d’un traitement par OIBP (osmose inverse basse pression) : « celui-ci enlève tout, y compris les minéraux », reconnaît Veolia. Un temps, le Sedif envisageait de convertir ses trois usines – celle de Méry mais aussi celles de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) – à l’OIBP. Mais il aurait été nécessaire soit de mélanger l’eau ainsi produite avec celle issue de la filière classique, soit de lui ajouter des minéraux, pour la rendre potable. Finalement, le choix a donc été fait de mixer nanofiltration et OIBP dans des proportions « idéales » permettant de concilier qualité de l’eau et potabilité. « Nous avons pour ce faire développé une technologie protégée par brevet, baptisée AdaptO, qui permet d’adapter le processus de filtration en fonction de la qualité de l’eau pompée et de réduire la consommation d’énergie », a expliqué Estelle Brachlianoff.
Ces technologies membranaires sont en effet très gourmandes en électricité puisqu’il faut pousser l’eau dans les membranes et ce d’autant plus que les minuscules trous dans les membranes sont petits : l’OIBP consomme, autrement dit, plus que la nanofiltration. « Cela représente 25 à 30 % de plus que dans les filières dites classiques », ont expliqué les experts présents le 10 septembre.
A Méry-sur-Oise, les membranes seront changées à partir de 2026 et remplacées, par endroit, par de nouvelles membranes similaires et, à d’autres, par des membranes OIBP. Par ailleurs, l’eau produite par la filière classique sera à l’avenir acheminée vers l’unité de traitement membranaire pour y être également traitée.
A Neuilly-sur-Marne et Choisy-le-Roi, qui ne sont pour l’heure équipées d’aucune filtration membranaire, les travaux seront plus importants. Il faudra y construire un nouveau bâtiment dédié, aux capacités environ trois fois plus importantes que celles de l’usine de Méry-sur-Oise, qui est la plus petite des trois que compte le Sedif. Le budget d’investissement annoncé par ce dernier dépasse les 800 millions d’euros d’ici au début de la prochaine décennie.
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