Source : Les Echos
Cette start-up spécialisée dans l'observation spatiale à développé une plate-forme de surveillance à partir d'images satellites traitées par l'intelligence artificielle. Des collectivités locales ont déjà expérimenté sa solution. Après avoir cherché pendant des années des planètes habitables en dehors du système solaire, les fondateurs de Disaitek ont remis les pieds sur terre. La start-up francilienne créée en 2017 a délaissé la chasse aux exoplanètes pour traquer les atteintes à l'environnement. Ces fins observateurs de l'espace ont développé à partir de 2020 une plateforme de surveillance des décharges sauvages à partir d'images satellites traitées par l'intelligence artificielle.
Elle agit avec une très grande précision, puisque les algorithmes peuvent localiser des amoncellements de 4 m3 à 50 centimètres près. Une solution inédite pour les collectivités locales, qui sont de plus en plus confrontées à ce cauchemar environnemental, véritable gouffre financier. Chaque mois, une photographie des petits tas de déchets identifiés leur est transmise avant que la situation ne devienne incontrôlable.
Surveillance par satellite
Pour éviter que des milliers de mètres cubes de déchets continuent de s'amasser en lisières des forêts et au bord des routes, le département du Val-d'Oise a ainsi choisi d'expérimenter le dispositif de Disaitek il y a deux ans. Et de partager les données récoltées avec les policiers et les pompiers, qui interviendront au bon moment.
Avec plus de 200 décharges illégales, dont certaines font plusieurs hectares, le Val-d'Oise - à l'instar de beaucoup de départements en France - subit de plein fouet les déversements illégaux des particuliers et des professionnels, entre comportement incivique et déficit de décharges publiques. Chaque année, la collectivité dépense 14 millions d'euros pour en venir à bout, dont 1,3 million d'euros rien que pour nettoyer le long de ses routes départementales.
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a, elle aussi, tenté l'aventure pour enrayer le phénomène. « C'est en train de prendre : de plus en plus de collectivités comme la Seine-et-Marne sont intéressées », se réjouit le fondateur et président de la jeune pousse de cinq salariés, Anthony Graveline, qui ne dévoile pas le chiffre d'affaires.
Plateforme de suivi
Avec sa technologie, Disaitek s'est par ailleurs embarqué dans le titanesque chantier du Canal Nord-Seine Europe, qui doit relier les grands ports européens d'Anvers et Rotterdam à la Seine pour transférer le trafic de milliers de camions par voie fluviale. La start-up développe une plateforme de suivi du chantier long de plus de 100 kilomètres, et estimé à 7 milliards d'euros. Elle surveillera l'avancée des constructions, la restauration des milieux naturels et surtout les déplacements des déchets de chantier.
Grâce aux images satellites, les gravats seront suivis à la trace pour éviter qu'ils ne soient déversés au mauvais endroit et qu'ils viennent créer ou garnir d'autres décharges. « Nous sommes capables d'assurer une traçabilité des terres excavées tout au long de ce chantier, ce que des drones seraient incapables de faire », assure Anthony Graveline.