Source : Les Echos
Au pied de l'aéroport Roissy-CDG, la Semmaris, gestionnaire du Marché de Rungis, va créer une nouvelle place de marché de gros sur quatre communes. Agoralim doit permettre de créer 4000 emplois sur un territoire en difficulté. Au pied des pistes de l'aéroport Roissy-CDG, une petite révolution dans l'approvisionnement alimentaire de l'Ile-de-France se prépare. Une nouvelle plateforme de commerce de gros - conçue pour devenir un « second Rungis » au nord de Paris - est en train de voir le jour dans le Val-d'Oise. A l'initiative du projet, le gestionnaire du plus grand marché de produits frais d'Europe, la Semmaris, prévoit la livraison des premiers bâtiments en 2027 et de générer au total 4.000 emplois.
Tous les voyants sont désormais au vert pour que le projet décolle. Le préfet du Val-d'Oise vient tout juste de qualifier Agoralim de « Programme d'intérêt national », afin de faciliter les délicates opérations de maîtrise foncière. « Complémentaire au marché de Rungis, Agoralim permettra d'optimiser la distribution des produits alimentaires frais en Ile-de-France », justifie la Semmaris. L'objectif est de réduire de 16 % les kilomètres parcourus pour transporter la nourriture et de désengorger Rungis , qui se situe au sud de la capitale.
Production, négociation, formation
Il ne s'agit pas seulement de stocker et de livrer de denrées alimentaires pour le nord de la région. Agoralim prendra forme à travers un espace de négociation entre agriculteurs, acheteurs et professionnels de l'agroalimentaire dans la commune de Goussainville.
Une partie des denrées alimentaires acheminées depuis le nord de l'Ile-de-France seront très locales. Grâce à la sanctuarisation de 400 hectares de terres maraîchères sur le triangle de Gonesse , à quelques kilomètres de Goussainville, Agoralim se targue d'encourager la production de proximité. Ce bout de terre enclavé entre les aéroports de Roissy-CDG et du Bourget accueillera d'autres activités en lien avec le programme de la Semmaris. Alors qu'une cité scolaire internationale doit voir le jour sur le site, un espace de formation et de sensibilisation aux métiers de l'agriculture de demain sera également créé pour stimuler les vocations et encourager les start-up.
Dans un territoire dépendant de l'aérien et essentiellement composé de grandes villes populaires, la création d'un nouveau pôle économique majeur est attendue par les élus locaux depuis de nombreuses années. Et les attentes sont à la hauteur de la déception de l'abandon du mégacomplexe de loisirs Europacity en 2019. Annoncé comme un lot de consolation deux ans plus tard dans le cadre du plan Val-d'Oise par le Premier ministre de l'époque, Jean Castex, Agoralim doit insuffler une nouvelle dynamique.
Mais du côté des quatre communes destinées à accueillir des activités, les réactions sont mitigées face au rythme des travaux et au type de projet proposé. Si le maire sans étiquette de Goussainville, Abdelaziz Hamida, est de loin le plus enthousiaste et voit dans l'initiative de la Semmaris « l'occasion de créer un poumon économique qu'il ne faut pas laisser passer », les autres édiles sont plus réservés. A Gonesse, le maire PS, Jean-Pierre Blazy, voudrait bien voir les projets se dessiner plus concrètement. A Bonneuil et à Roissy, les élus craignent de subir les nuisances des activités logistiques d'Agoralim, alors que leurs habitants voient déjà passer beaucoup de camions devant leurs portes.
