Source : Les Echos
La municipalité de Goussainville concrétise enfin son projet de redynamisation du quartier du "vieux pays ". En partie déserté à l'arrivée de l'aéroport Roissy-CDG, il retrouve des couleurs.
Le quartier historique de Goussainville (Val-d'Oise) et ses vieilles bâtisses murées le long de rues désertes, retrouve de l'allant. En partie abandonné depuis les années 1970 et l'arrivée de l'aéroport Roissy-CDG, dont le couloir aérien survolait le petit village de quelques centaines d'habitants, le « vieux pays » va accueillir de nouveaux équipements et activités économiques dans les prochains mois.
Devenu le terrain de jeu favori des amateurs de l'Urbex (exploration urbaine de lieux abandonnés), mentionné dans le nouveau guide du Routard de la région, le « vieux pays » est devenu un objet politique à part. Serpent de mer de chaque campagne électorale depuis des années à Goussainville, les premiers effets de l'action de la municipalité sont enfin visibles. Une fête du quartier s'est même tenue l'été dernier. « C'était devenu au fil du temps un quartier livré à lui-même, abandonné, il fallait agir pour le redynamiser et le reconnecter à la ville », constate Abdelwahad Zigha, adjoint à l'aménagement.
Nouveaux équipements
Si le quartier ne s'est pas entièrement vidé de ses habitants, ils sont un peu plus 300 aujourd'hui à y vivre. La plupart n'ont pas abandonné leur logement lorsque l'aéroport Roissy-CDG s'est installé à 14 kilomètres de là. A l'époque, le groupe ADP avait proposé de racheter les maisons pour les raser par la suite. Mais l'architecte des bâtiments de France a bloqué toute démolition en raison de la présence d'une église classée.
Aujourd'hui, la nouvelle dynamique s'incarne par la création de nouveaux équipements. Un parc d'acrobranche a même ouvert ses portes l'an dernier, avec ses filets suspendus et jeux en plein air. Les anciennes écuries du château sont en passe d'être transformés en tiers-lieu par l'entreprise belge Pali Pali. La municipalité espère attirer des associations et des start-up. Aussi, un centre de formation des apprentis (CFA) centré sur les métiers de la transition écologiques, pensé avec l'école Être du Val-d'Oise, va être livré au mois de mai.
Une coûteuse réhabilitation
L'autre chantier majeur, celui de la réhabilitation de 80 bâtisses cédées pour un euro symbolique par le groupe ADP à la municipalité en 2009, est plus délicat. « Cela coûterait 25 millions d'euros à la commune de rénover les bâtisses dont elle a la charge, nous n'avons pas les moyens de réaliser cette opération », confie l'élu, se référant à une étude lancée en 2018. Ce dernier mise sur le mécénat privé pour redonner vie à ce quartier atypique.
Le maire réfléchit à la manière d'attirer des entreprises et dialogue avec des promoteurs. Pas question de construire de nouveaux logements, la réglementation du Plan d'exposition au bruit (PEB) limite drastiquement les constructions sous le couloir aérien pour des raisons sanitaires. Des opérations de sécurisation des maisons les plus fragiles sont engagées.
Un quartier à reconnecter
Se pose enfin l'épineuse question des transports pour mieux reconnecter le quartier historique au reste de la ville. En effet, aucune ligne de bus ne s'aventure jusque-là. Un temps remis en service, le bus n'était pas assez fréquenté et les horaires ne correspondaient pas toujours aux usages des habitants. « Nous sommes en négociation avec Île-de-France Mobilités sur l'ensemble du réseau de bus de la ville, nous incluons évidemment le vieux pays dedans », assure l'édile.
La ville espère notamment l'arrivée d'un bus à haut niveau de service (BHNS) qui la relierait au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Le projet, évalué à 105,8 millions d'euros, permettrait aussi de desservir des espaces d'Agoralim, l'extension du marché de Rungis au nord de Paris, appelé à redynamiser économiquement la commune.