Source : Les Echos
Le second aéroport d'Europe installe une grande centrale de géothermie pour augmenter la part de renouvelable dans son mix énergétique. L'installation va permettre d'assurer 35 % des besoins en chauffage de la plateforme.
De plus en plus installée au coeur des grands ensembles urbains pour chauffer des milliers de logements en Île-de-France, la géothermie est également plébiscitée par les plateformes aéroportuaires. Sur l'aéroport de Roissy-CDG (Val-d'Oise), une installation de géothermie profonde est en train d'être construite par Arverne groupe pour le groupe
ADP, qui exploitera la centrale une fois opérationnelle en 2026.
Sur une parcelle de 4.000 m2 coincée entre le Terminal 1 et l'autoroute, à deux pas de la centrale thermo-frigo-électrique (CTFE) qui alimente en chauffage toute la plateforme, les travaux vont bon train. Environ 75 personnes sont présentes sur le chantier pour creuser deux forages à 1.800 m dans la nappe permettront de capter de l'eau à 71°C et de réinjecter de cette eau à 45°C au point de prélèvement à 1.600 m. Avec une puissance de 80 GWH/an, la géothermie profonde va assurer 35 % des besoins de chauffage de Roissy-CDG.
Mix énergétique
Cette nouvelle source d'énergie renouvelable va alimenter la plateforme et marque une étape majeure dans la décarbonation de la seconde plateforme aéroportuaire d'Europe. « Nous visons une décarbonation de l'aéroport à hauteur de 90 % à l'horizon 2035 », assure Yannaël Billard, le directeur adjoint de l'aménagement, du développement durable et des affaires publiques. Pour arriver à une décarbonation totale, le groupe prévoit d'acheter des garanties d'origine biométhane. A noter que les émissions internes de CO2 de l'aéroport ne représentent 3 % des émissions totales.
« C'est une énergie très régulière et fiable, il n'y a quasiment jamais d'incident opérationnel une fois que c'est en place », justifie Yannël Billard, alors que le groupe avait privilégié la biomasse comme source d'ENR sur Roissy en 2012. « Une fois que c'est construit, les coûts opérationnels sont quasiment nuls et nous maîtrisons les prix », souligne ce dernier, sans dévoiler le montant de l'investissement.
Installation discrète
Pour construire sa centrale, le groupe ADP ne s'est pas tourné vers des grandes entreprises comme Engie mais a décidé de faire confiance à une plus jeune structure née en 2018 à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Arvene groupe, avec 200 salariés pour un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros, se lance sur le marché du forage géothermique et entend bien favoriser le déploiement de cette énergie renouvelable encore méconnue et peu utilisée, ne représentant qu'1 % de la chaleur produite en France.
« C'est une installation qui a le mérite de ne créer aucune nuisance, ni sonore ni visuelle et n'a pas besoin de beaucoup de terrain », vante Pierre Brossollet, le fondateur et président-directeur général du groupe, qui a levé 300 millions d'euros en 2023. « Avec la géothermie, vous êtes totalement indépendants et vous avez une stabilité de prix », ajoute-t-il. Ce dernier regarde scrute particulièrement les opportunités en Île-de-France, où l'eau chaude est abondante dans le sous-sol. Aujourd'hui, on compte 70 centrales géothermiques dans la région.
Les autres aéroports aussi concernés
Pour la prochaine décennie, le groupe ADP planche d'ores et déjà pour une nouvelle installation d'énergie renouvelable. « Nous sommes en réflexion pour installer une troisième source de chaleur renouvelable sur la plateforme. « Cela pourrait être une seconde de géothermie, un autre type de biomasse plus moderne, des combustibles solides de récupération », explique Yannaël Billard. Et les autres aéroports franciliens ne sont pas reste, avec également de nouveaux projets en cours. A Orly (Val-de-Marne), une pompe à chaleur est en train d'être construite pour muscler la centrale de géothermie opérationnelle depuis 2011.
A l'aéroport d'affaires du Bourget (Seine-Saint-Denis), le groupe ADP va également faire appel à la géothermie. Cette fois-ci, le gestionnaire de l'aéroport a rejoint le projet de réseau de chaleur porté par l'Etablissement public territorial (EPT) Paris Terres d'Envol sur les communes de Dugny et Le Bourget, qui avait besoin d'un autre partenaire et d'un plus grand périmètre pour être rentable et voir le jour.