Source : Les Echos
Le Groupe espagnol Exolum vient de se voir attribuer le marché de la distribution de carburant sur la plateforme aéroportuaire de Roissy (Val-d'Oise). 200 millions d'euros vont être investis en 20 ans pour moderniser les infrastructures et augmenter la place du carburant durable.
Pour fournir plus de carburants verts aux avions, la plateforme aéroportuaire de Paris-CDG à Roissy (Val-d'Oise) adapte ses infrastructures. Alors que les carburants d'aviation durables (SAF) sont encore rares sur le plus grand aéroport français, 200 millions d'euros vont être investis par l'espagnol Exolum pour entretenir et transformer le site de stockage et de distribution des fluides. L'opérateur, qui vient de se voir attribuer le marché de distribution de carburant pour les 20 prochaines années par le groupe ADP, planifie déjà des travaux de modernisation.
L'entreprise aux plus de 2.000 salariés dans le monde reprend la concession assurée jusqu'ici par la société de manutention de carburants aviation (SMCA) sur le site de 14 hectares. Cette dernière ne va néanmoins pas totalement disparaître et va continuer de s'occuper de la réception des carburants. Sur l'installation, une trentaine de personnes vont y travailler dont la moitié vient de l'opérateur sortant.
Modernisation du réseau
Dans un premier temps, l'enveloppe de 200 millions d'euros va essentiellement servir à l'entretien et à la modernisation du réseau de distribution du carburant, de la cuve à kérosène jusqu'au tuyau branché sous les avions. La capacité de stockage de 82.000 mètres cubes est répartie en deux réservoirs et des oléoréseaux de plus de 81 kilomètres permettent d'acheminer les fluides.
L'introduction de nouvelles technologies doit permettre d'améliorer l'efficacité des ravitaillements. Actuellement, 16 petits chantiers sur les bâtiments sont en cours d'étude. L'un des enjeux sera d'adapter le réseau aux évolutions de la plateforme aéroportuaire. En effet, si le groupe ADP ne prévoit plus de créer un nouveau terminal, son projet d'aménagement à l'horizon 2050 prévoit tout de même une hausse des capacités d'accueil des avions.
« Nous allons investir dans le réseau pour notamment augmenter la capacité de distribution des carburants durables », indique Benoit Lamothe, directeur des installations chez Exolum. Il s'agit de l'énergie notamment produite à partir de déchets puis mélangé à du jet fioul conventionnel à hauteur de 50 % pour devenir du carburant aérien alternatif.
Des carburants encore marginaux
A l'heure actuelle, aucun objectif chiffré sur le volume de carburant durable souhaité n'a été communiqué. « Les capacités de stockage ne devraient pas augmenter tout de suite.
Nous sommes face à un double mouvement d'augmentation du trafic de voyageurs dans les prochaines années conjugué à une baisse de la consommation des nouveaux avions », explique Thomas Lamothe.
L'entreprise suivra les objectifs fixés par le groupe ADP pour augmenter la part de biocarburant. En parallèle, pour renforcer la disponibilité des carburants verts, le groupe a investi 20 millions de dollars dans LanzaJet, une entreprise américaine spécialisée dans la production de carburants d'aviation durables à partir d'éthanol.
Cette hausse des capacités d'accueil doit favoriser l'utilisation de carburant durable encore marginale dans le secteur aérien . Car si la production mondiale de SAF doit doubler en 2025, pour atteindre 2 millions de tonnes, cela ne représente que 0,7 % de la consommation mondiale de carburant des compagnies aériennes. C'est un ratio très loin des 2 % de carburant vert rendus obligatoires par la réglementation européenne cette année et des 6 % visés pour 2030. Et c'est sans compter le coût prohibitif de ces carburants, cinq fois plus chers que le traditionnel kérosène en Europe.
